mercredi 16 novembre 2016

Au revoir la maison, c'était bien et horrible la vie avec toi

   Je pensais que ce qui me faisait reporter sans arrêt le moment de déménager, c'était d'avoir à trier tout ce qui me rappellerait des souvenirs bons ou mauvais, c'est-à-dire: tout dans cette maison. J'ai arrêté d'aller dans la chambre, j'y ai poussé un à un les objets qui me rendaient triste, puis j'ai arrêté d'aller dans le bureau, d'aller à l'étage, d'ouvrir l'abri de jardin. Les murs se resserraient autour de moi comme ceux de la maison de Colin quand Chloé est malade, et je me répétais: Je suis bien là, dans mon canapé, je n'ai pas besoin de déménager moi.

   Le 1er octobre, je me suis réveillée en pensant "Allez, on s'en va." Je l'ai dit tout haut, et je me suis tout de suite rappelé que c'est exactement ce que j'avais chuchoté plusieurs fois à la suite presque un an plus tôt, quand j'avais commencé à mettre mes affaires dans un sac à dos en faisant le moins de bruit possible.

   Oui, j'ai passé une éternité à tout vider, en alternant pendant des semaines cinq minutes à trier et trente minutes à pleurnicher, je me suis encore mise dans un sale état en refusant que l'on m'aide, j'ai jeté, déchiqueté, piétiné trop de choses que j'aurais pu donner, mais je ne voulais plus qu'elles existent. 

   Mais en réalité, le plus bouleversant, c'est de réaliser que dimanche, quand j'aurai rendu les clés, il n'y aura plus aucun témoin de ce qui s'est passé. Cette maison était la seule chose sur terre à savoir tout ce qui est arrivé, et maintenant elle s'efface.

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